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Space 2015 Les éleveurs porcins doivent savoir faire accepter leurs exploitations

Rennes, 16 sept 2015 (AFP) - La production porcine en Bretagne, comme à l'échelle nationale, a une mauvaise image qui pousse les éleveurs à mieux communiquer auprès du public pour faire découvrir la réalité de leur métier.

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« On a tout eu : manifestation, article dans la presse et lettre anonyme », témoigne lors du Salon des productions animales (Space), qui se tient à Rennes jusqu'à vendredi, Bruno Helo, éleveur porcin dans le Morbihan. En 2004, il avait demandé une autorisation d'extension de son exploitation. Installé en 1998 avec ses parents et 178 truies, Bruno Helo se rend vite compte que « à trois (personnes) c'était limite ». Il dépose donc un dossier pour passer à 280 truies, mais rencontre une « forte opposition ». Le point culminant survient le lendemain de la fin de l'enquête publique quand il retrouve tous les adversaires de son projet à la mairie où il venait se marier. « On ne s'y attendait pas », raconte-t-il aujourd'hui, ajoutant que ces comportements « touchent notre famille, nos proches, les opposants ne s'en rendent pas compte ». La demande a finalement été acceptée. Aujourd'hui « tout se passe très bien », mais Bruno Helo a tiré la leçon de sa mésaventure. « Je me suis rendu compte que j'avais fait des erreurs. Dans les années 2000 on ne communiquait pas du tout ». Depuis, il a organisé des journées portes ouvertes dans son exploitation, et envoie des messages à tous ses voisins un jour avant d'épandre, par exemple « pour qu'ils enlèvent leur linge mis à sécher dehors, parce que c'est rageant d'avoir à relaver son linge », dit-il.

La filière porcine fait l'objet de plus de critiques que les autres filières d'élevage car « elle incarne beaucoup d'inconvénients associés » et « génère beaucoup de craintes », explique Marie-Laurence Grannec, ingénieur d'études du pôle de recherche appliquée en production porcine de la Chambre d'agriculture de Bretagne.

L'enquête publique préalable à toute ouverture d'exploitation « offre une fenêtre d'expression », et les « caractéristiques des projets jouent peu », ajoute-t-elle. Par exemple, la taille est un élément totalement subjectif : « pour le voisin lambda, 300 truies ça peut lui paraître énorme ». Le « contexte socio-géographique », du projet est par contre important. Vouloir s'installer dans une zone touristique ou périurbaine « facilite l'émergence du conflit ». Cependant, « ce qui joue le plus, c'est la nature des relations sociales : est ce que l'éleveur est connu et reconnu ? Est-ce qu'il parle avec ses voisins ? Est-ce qu'il prévient quand il fait de l'épandage ? », selon Marie-Laurence Grannec.

« pas suffisant d'être sympa »

Mais il ne faut pas croire que ce soit si simple. « Ce n'est pas suffisant d'être sympa », souligne-t-elle. Cela reste quand même un bon début, et le Comité régional porcin (Crp) breton « cherche à faire la promotion du métier d'éleveur de porcs en lançant une série d'actions ludiques tournées vers le grand public pour faire en sorte que les éleveurs soient à l'aise dans leurs baskets et pas trop confrontés à des oppositions », explique David Riou, membre de la commission communication du comité.

Cette année, le Crp a demandé à des artistes de décorer 15 gros cochons en béton qui, après avoir fait un tour de Bretagne, seront mis aux enchères jeudi soir au Space, et dont une partie des bénéfices iront aux Restos du cœur. L'enjeu est de faire tomber les préjugés : l'odeur trop forte, le bien-être animal pas respecté. Les jeunes agriculteurs multiplient les initiatives en ce sens.

Lors de ses premières journées portes ouvertes, l'exploitation de Peggy Josselin, qui élève 750 truies dans les Côtes-d'Armor, a reçu 600 personnes en deux jours. « Les premiers commentaires étaient très enthousiasmants et motivants, les gens étaient ravis de ce qu'ils avaient vu », raconte-t-elle. Dans cette exploitation de taille importante à proximité de la mer, dans une région touristique, « la pression au niveau des écologistes est très importante » Depuis, l'agricultrice a reçu des courriers « qui parsèment le quotidien et satisfont toute l'équipe », y compris les salariés impliqués dans l'opération.

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